LES ÉGLISES

L’église Saint Michel, de plan allongé, est formée d’une nef unique, couverte d’une charpente en bois apparente, prolongée par une abside semi-circulaire voûtée en cul-de-four. L’ensemble est recouvert d’une toiture de lauzes vertes. Ses parements polychromes forment un décor contrasté aux dominantes vertes et blanches. Sa façade occidentale est ornée d’une triple arcature aveugle composée d’arcs clavés en plein cintre. Ces arcs reposent sur des consoles sculptées figurant des quadrupèdes. Elle comporte aussi deux représentations sculptées à ses extrémités: un personnage muni d’un bâton, un autre vêtu d’une robe longue. La porte ménagée en son centre est surmontée d’un linteau sommé d’un tympan aveugle. L’édifice est complété d’une tour-clocher accolée à la façade occidentale, faisant office de porche et reposant sur deux colonnes cylindriques.

L’église Saint Michel, piévanie supposée de Bevinco, est mentionnée pour la première fois en 1137. Selon des travaux historiques, cette église aurait été construite en deux campagnes successives dès le début du XIIe siècle. L‘édification de la nef aurait été suivie de l’adjonction d’un clocher-porche accolé à la façade occidentale. En 1531, Mgr Giustiniani, évêque de Nebbio, après avoir évoqué l’église « antique », décrit plus particulièrement un village fortifié proche, qu’il nomme Pietra all’ Arretta. Cependant, les relations de Saint Michel à ce lieu d’habitat et sa fonction globale sur le territoire sont mal définies. La comparaison avec des édifices tels que la Trinité d’Aregno, dont elle semble être contemporaine, permet cependant de penser que l’église a pu remplir un rôle de piévanie. Prosper Mérimée, inspecteur des Monuments Historiques, note en 1840 son bon état de conservation et considère qu’il s’agit de l’une des plus belles églises de l’île.

L’intérieur de l’église était orné de peintures monumentales datant du XIVe siècle, figurant une Annonciation encadrée d’un décor géométrique. Elles sont aujourd’hui à l'état de vestiges.

A partir de la fin du XIXe siècle, cet édifice va faire l’objet de campagnes de restauration nombreuses. Suite à son classement en 1875, la réfection de la charpente et de la couverture, cette dernière étant réalisée en tuiles creuses, est entreprise entre 1892 et 1903. Une nouvelle réfection de la couverture est initiée entre 1932 et 1936. Une partie des tuiles est remplacée par des lauzes.
La tour-clocher est frappée par la foudre en 1969, mais n’est restaurée qu’au début des années 1990.
Les décors peints ornant l’intérieur de l’édifice, presque totalement effacés lors de la visite de Prosper Mérimée, avaient été restaurés une première fois en 1935. La dernière restauration, concernant l’ensemble de l’édifice, y compris les peintures monumentales, date de 2008.

Coroneo Roberto, Chiese romaniche della Corsica. Architettura e scultura (XI-XIII secolo), Cagliari, 2006.
Coroneo Roberto, Architettura romanica dalla metà del mille al primo ‘300, Nuoro, 1993.
Moracchini-Mazel Geneviève, Les églises romanes de la Corse, T. 1, 2. Paris, 1967.