L'Eglise
L’histoire de l’abbaye des Saints Giusto, Clemente et Salvatore va de pair avec les histoires des escarpements de Volterra, tout près des édifices. Les escarpements sont des parois argileuses, raides et ébouleuses, qui depuis toujours caractérisent le paysage de Volterra, source d’inspiration des voyageurs, peintres et écrivains qui s’y sont rendus. Au fil du temps, ce complexe a perdu une partie des édifices d’origine à cause des phénomènes ébouleux ; au cours du XIXe siècle, les moines camaldules qui en étaient les gardiens depuis des siècles l’ont abandonné.
A l’intérieur de l’église les élèves de Giotto réalisèrent d’importantes fresques au cours du XIVe siècle. Aucune trace ne reste de ce cycle de peinture.
Description »
Ce complexe, qui récemment a été mis en sécurité, présente plusieurs phases de construction : l’église a gardé les caractéristiques médiévales, tandis que le monastère affiche une double identité architecturale issue des XVIe et XVIIIe siècles. Cet édifice garde les caractéristiques architecturales typiques de structures monastiques : un plan absidal à croix de Tau, un clocher-tour et des maçonneries parfaitement équarries.
Jadis, la partie interne était divisée en trois nefs par des colonnes et couverte par un toit à chevrons ; aujourd’hui on n’admire qu’une nef découverte : en 1895 le toit s’écroula et les colonnes furent transférées dans le jardin en face de la nouvelle église de S. Giusto.
Le parement de l’église a été réalisé en pierres équarries posées sur des rangées horizontales et témoigne de l’habileté des moines réalisateurs, qui diffusaient leur savoir-faire dans tout le territoire.
Au sein du monastère demeurent le cloître, le réfectoire, les cuisines, le dortoir, les étables, ainsi que d’autres pièces d’usage quotidien.
Histoire »
Selon la tradition, l’abbaye fut réalisée sur le même territoire qui avait accueilli les saints Juste et Clément au VIe siècle. Au début, ce complexe était composé de deux petites églises dédiées à Saint Juste et à Saint Clément respectivement.
Les premiers témoignages font remonter son édification à la période allant de 1030 à 1034. Au début du XIIe siècle, l’abbaye fut annexée à l’ordre camaldule, et les structures monastiques et l’église furent restaurées et reconstruites.
A la fin du XVe siècle, l’ordre des moines camaldules renonce au gouvernement de l’abbaye, cédant le pas aux abbés commendataires appartenant à d’importantes familles nobles qui gardent l’abbaye comme un bien rentable.
Entre la moitié du XVIe et le XVIIe siècle, les structures monastiques sont restaurées et embellies. Même l’église subit des modifications : une nouvelle façade voit le jour, de nouveaux autels sont réalisés et de nouveaux retables sont commissionnés.
L’origine du projet de restauration, que la tradition attribue à Bartolomeo Ammannati, est encore à l’étude.
En 1627, une partie de la vielle église de S. Giusto s’écroule et son ministère est transféré à l’église de S. Salvatore.
Vers la deuxième moitié du XVIIIe siècle, d’autres interventions eurent lieu. Notamment, le chœur et la tribune sont reconstruits, tandis que le toit surmontant la nef principale est restauré.
L’abbé Inghirami fit restaurer la façade, jadis détachée du reste de l’église.
Oeuvres »
Jadis le monastère abritait des œuvres de Giotto, Ghirlandaio, Botticelli, Mascagni, De Witte et Franceschini. Ces œuvres ont connu des destins différents : une partie d’entre elles ont été perdues – c’est le cas des fresques à l’intérieur de l’église – et d’autres ont été exposées dans des musées ou aliénées lors des suppressions des XVIIIe et XIXe siècles.
Au sein du réfectoire demeurent les fresques, que le peintre Donato Mascagni avait réalisées pour représenter des moments de la vie de Saint Juste.
De nombreuses pièces sculptées et architecturales, issues de l’église de S. Salvatore et de la vielle église de S. Giusto, demeurent aujourd’hui dans les salles du Musée Guarnacci et du Musée d’Art Sacré de Volterra.
Auprès de la Bibliothèque Municipale Guarnacci, située dans le centre historique de la ville, est conservée une importante collection de manuscrits, documents et incunables, jadis contenue dans le monastère.
Restauration »
En 1819 on assiste à l’écroulement de la voûte située sous le dortoir des moines, à côté du clocher. Cet évènement ne fit qu’empirer les mauvaises conditions des toits du monastère et de l’église. Les moines, eux, ne disposaient pas de suffisantes ressources pour intervenir.
Le 15 novembre les ingénieurs Pasetti et Ristori se livrèrent à une expertise pour résoudre les problèmes liés aux escarpements ; le 4 décembre 1819, l’architecte Gaetano Baccani, dont l’avis avait été demandé, déclare le mauvais état de l’église, qui était menacée par les escarpements et dont les fondations n’étaient guère appropriées : les murs de l’église surplombaient, les voûtes étaient ouvertes et les enceintes n’étaient pas reliées. L’espace inter-colonnes des nefs était désaxé.
C’est alors que Baccani décide de relier les enceintes et de construire trois contreforts sur le côté nord de l’édifice.
Malgré ces interventions, en 1861 les moines furent obligés d’abandonner l’édifice à cause de l’avancement des escarpements. En 1866, le Gouvernement italien sanctionne la suppression du monastère, qui sera cédé à des particuliers.
En 1895, les toits de la nef s’écroulent laissant l’église complètement découverte.
En 1936, la Mairie de Volterra somme les propriétaires d’interdire l’accès public aux parties croulantes de l’ancienne église monastique et renferme les ruines à l’intérieur d’un enclos.
La Maire demande également de renforcer le clocher-tour et d’intervenir sur la façade croulante.
Récemment, le complexe a été mis en sécurité par la Fondation Caisse d’Épargne de Volterra, qui avec le domaine public en est la propriétaire.
Bibliographie »
A. Furiesi, E. Veracini, “Santissimo Salvatore presso la Badia Camaldolese. Storia e architettura”, in A. Furiesi, U. Bavoni, P. G. Bocci, Chiese di Volterra, Pontedera, Bandecchi e Vivaldi, vol. III, 2008, pp.119-156.
La Badia Camaldolese, a cura di A. Furiesi, con testo di D.Ulivieri, Pisa, Felici, 2008.
Où elle se trouve